J’ai essayé d’arranger un boût de plan pour la journée. Les filles voulaient zaper le bekkaku 3 (temple supplémentaire sera maintenant marqué bekkaku, parce que temple supplémentaire c’est trop long !) Mais je savais qu’il était vraiment beau alors qu’il pleuvait quand j’y suis allé. Pour l’instant, le pire qu’il nous est arrivé, c’est 2 nuages dans le ciel. Cette chance ne durera peut être pas, alors profitons en ! On a donc opté sur un juste milieu, avec une marche jusqu’au bus pas loin, le bus pour éviter la montée progressive jusqu’à Sakamoto (au cas ou quelqu’un connaisse) et on marche jusqu’au temple. Puis on monte à la petite grotte au dessus, on redescent pour voir la cascade et on file au bus pour aller faire le temple 20. Adopté à l’unanimité.
Le matin était un peu dur pour les filles puisqu’il fallait marcher pas loin de la route. J’y étais habitué seul, c’est vrai que c’est pas le top, mais on y peut pas grand chose alors autant avancer. On trouve le bus, on monte dedans et nous voilà en route vers la montagne qui m’avait marquée physiquement, sous la pluie, pour une journée épique. Je me sentais plus en confiance avec ce bolide qui nous emmène droit vers la bête qui a fait frémir plus d’un marcheur, j’ai nommé jigenji. A la sortie du bus, pour arranger un peu le dos et battre des records de montée, on a posé les sacs dans un temple shinto. Et par cette belle journée donc, on se lance à l’assaut du dénivelé. Les couleurs de l’automne ravissent les yeux, les quelques fleurs et les pins flattent nos narines, les trois filles qui m’accompagnent subliment le tout, le bonheur. Entre forêts et petits vergers, petite cascades et esquives d’araignées, on arrive au temple, effectivement magnifique, tout là haut.
Enfin pas tout à fait tout en haut puisqu’il nous faut encore monter au sanctuaire, situé pas loin du sommet. Une nouvelle montée un peu drue nous attend, la vue étant toujours là pour nous aider à ne pas céder, et on arrive au sanctuaire shinto. Quelques marches en fer escarpées plus loin, on se rapproche de ce qui semble être une toute petite grotte, mais une petite mamie nous dissuade d’aller plus avant, sous pretexte que c’était dangereux. Si elle savait que la moitié du groupe se compose de guide de grottes, elle aurait sûrement révisé son jugement. Et c’est difficile de mimer une grotte sans apparaître potentiellement vulgaire. Il nous reste une cascade sur le programme, et un repas à partager à son pied.
La redescente se fait plutôt très bien, la cascade de 60 m de haut est facile à trouver, et l’endroit est superbe, une nouvelle fois. La cascade n’a pas beaucoup de débit, probablement parce qu’on est chanceux question météo, mais les couleurs sont là. On prend notre temps pour manger, peut être trop, mais on peut encore s’en sortir. On reprend la route l’estomac plein, pour retrouver le sentier de la descente. Oui mais voilà, les filles trouvent une petite rivière trop belle. Éponine me pose la question pour savoir si on a le temps de se baigner, je répond non avant de la voir s’aventurer sur les berges en suivant liliane qui enlevait déjà ses chaussures… S’en était sûrement trop pour moi, après avoir arrangé tout ça, de voir les plans ruinés par une rivière, alors je suis parti devant. J’ai croisé des singes pas habitués à voir des pèlerins touristes, et je me suis rendu aux sacs en avance.
Le temps de rapprocher les sacs des filles, je vois un bus passer devant moi. J’ai attendu 30 minutes à cet arrêt, sans voir les filles. Je me suis renseigné autour de moi, il s’avère que ce bus était le dernier. Rien de mieux pour se calmer que de marcher. Après avoir griffoné des instructions sur des papiers pour les filles, je suis parti vers le temple 20 en mode powerwalking. Mais je n’étais pas encore calmé. Ce qui m’a bien détendu, c’était la montée du temple 20, presque 500m en 1,5 km. A bout de souffle, je fais ma calligraphie et demande des plans pour ce soir. Après avoir appelé plusieurs endroits, on me trouve une chambre d’hôte, Aoi (Ahohi). Il me faut juste descendre la montagne, on viendra me chercher. Alors je repars le coeur vaillant, dans la forêt qui n’a pas été épargné par le typhon. Les arbres tombés sont impressionants, et le travail pour remettre le chemin en état encore plus. Je double des papis, me retrouve à la hutte, mon point de rencontre.
Les vieux arrivent, ma chauffeuse aussi. Elle prend un vieux et moi (le dernier vieux doit encore être dans la forêt à l’heure où j’écris ces lignes) et on se dirige sur une mini route vers notre hébergement.
L’endroit est très beau, rien à redire sur les chambres, mais le salon du repas est proprement incroyable. Tout en panneau de papier, un beau parquet, des poutres apparentes, et un foyer de cendre encaissé dans le centre de la pièce. On s’installe autour, sur des coussins au sol. Les 2 papis qui m’accompagnent étaient déjà en train de siroter de l’alcool, et j’avais un litre de bière et 25cl de saké chaud qui m’attendaient pour mon repas. La farandole de petits plats apportés par la maitresse de maison annonce un repas succulent, et long. Une soupière chauffe au centre de la “table”, soupe aux algues et champignons, quelques légumes, du poulet sauce soja, du riz, une petite salade de tomate, … et j’ai oublié le reste parce que le repas était bien arrosé au vue des km parcourus, et des discussions intéressantes. Un papi m’avais donné son portable, avec google traduction installé dessus. Je pouvais suivre quelques bribes de conversations, et soulever l’intérêt général quand j’annonçais que j’avais presque pas mal aux pieds (ils m’ont fait enlever mes chaussettes pour être sûrs!)
C’était certainement une des raisons pour moi de faire ce pèlerinage, rencontre d’autres personnes, partager les gastronomie locale, marcher pour trouver un état méditatif, … C’est cette différence de point de vue que l’on a partagé avec les filles. Elles comprennent mon truc, je comprend l’envie d’en profiter et de ne pas se ruiner les pieds. On s’arrangera autrement par la suite. Et vous, vous feriez comment ?
A bientôt
Salut François
les posts et les commentaires cela n'a jamais été mon truc…
mais j'ai l'impression que la dernière phrase de ton article appelle une réponse.
Je me reconnais totalement dans "l'état d'esprit" que tu cherches à atteindre via la randonnée et également dans les exigences horaires à respecter.
La seule notion qui me vient (et je sais que tu sais mais quelque fois c'est bien quand quelqu'un le rappelle – il n'y a donc rien d’extraordinaire dans mon intervention qui ne se veut pas condescendante) c'est l'acceptation et la communication
Voyez cette différence exactement comme un élément qui se présenterait sur votre chemin, un virage, une pente, une route goudronnée non chamoisé…
Soyez la rivière qui coule et qui suit son chemin tout en s'adaptant aux méandres et rochers et qui ne se demande pas pourquoi les méandres et les rochers existent, elle ne cherche pas non plus à les qualifier, elle fait avec, c'est tout. Les rochers ne sont pas ceci ou cela, ils sont. (oh putain c'est beau ce que je dis non?).
La solution est peut être de faire un point le soir pour le lendemain (en fonction de la météo et des points d'intérêts de l'étape ) pour se donner un point de rendez vous pour le lendemain soir pour partager les expériences de chacun.
Durant la journée partager quelque sessions de randonnée, profitez, pour certains, des lieux de détente ou de culture quitte à prendre les transports en commun pour rattraper les autres (dont notre chamois d'or saintauprien) paramétrés en mode randonneur de l’extrême.
Dans tous les cas je vous souhaite de réussir à vivre l'éternité du présent et de laisser au loin les rugissements de votre mental qui voudraient vous emmener dans des lieux qui n'existent pas que ce soit le passé, le futur, ou les pensées. (et pour ceux qui se posent des questions : Non je ne suis pas sous l'emprise de substances illicites)
Alain
Un autre chamois mais un vrai c'est à dire de Savoie