Notre fine équipe donc se retrouve à 8 heures (boom la grasse mat’) pour le départ vers la ville d’uwajima. Le couple de français, Kondo san, Susan et moi. Notre rythme est égal, à peu de choses près. Les français ont fait saint jacques en été (donc en forme), susan à bientôt fini le pèlerinage (donc rompue) et kondo l’a déjà fait (donc habitué), même si depuis, il se plaint d’une pastèque qui aurait grandit dans son ventre. Ou la bière vous dira t’il avec un clin d’oeil (ou une grande tape sur l’épaule quand c’est moi).
C’est donc d’un pas alerte et décidé que nous allons vers la prochaine étape, et notre hébergement providentiel. Un petit problème quand vous avez un guide japonais, ils n’aiment pas les montagnes. Un tunnel de 2 km ou une grimpette de 2,5km, et ils choisissent le tunnel. Un grand avantage avec les guides japonais, ils s’y connaissent en cuisine locale, et ils ne manquent pas de vous faire goûter tout ce qui se fait de mieux. Et le Japon ne manque pas d’imagination pour cela.
Nous sommes allés poser nos affaires dans le logement, le propriétaire très sympa (avec un bon anglais) nous a montré comment se servir de tout cela (dont les toilettes avec un bouton qui fait le bruit de la chasse d’eau mais pas de chasse d’eau…), nous a offert le thé et les petits gâteaux, puis nous avions après midi libre. Alors direction le château avec Susan, où je me suis retrouvé affublé du casque traditionnel et du katana pour zigouiller (ceux qui ne connaissent pas allez faire un tour à Saint Aupre) un japonais.
Nous avons eu droit au thé traditionnel qui mousse et qui ressemble à une soupe d’épinard au goût, à des cadeaux (pin’s, origami) et à quelques explications. Puis nous sommes allés au jardin japonais zen de la ville. Un endroit sympa, où le monde s’arrête l’espace d’un instant, pour vous permettre de contempler tout ça. Nous avions rendez vous à 17h30 pour un repas dans un restaurant réputé. Une ambiance remarquable, les poissons qui nagent encore en cuisine dans un bassin avec des bonzaïs et des statues de bouddha, un personnel au petit soin (comme toujours au Japon, avec l’obligation de servir à genoux puisque la table est très basse) et une sacré rigolade entre nous. Tous les sujets étaient bons pour plaisanter, le saké et la bière aidant un peu. Cela fait du bien d’avoir mal aux zigomatiques plutôt qu’aux cuisses.
Au retour, chacun avait un plan pour la nuit du lendemain. Kondo avait réservé à l’avance, les français ont pu se payer les dernières places dans un ryokan assez luxueux, Susan est à son dernier jour donc pas de soucis et moi, je partais pour une hutte privée (donc non officielle mais pas mal) sur le chemin, quelques kilomètres après eux. Si celle-ci était déjà prise, je devais revenir sur mes pas pour m’arrêter dans une hutte officielle (pas mal mais à côté d’une nationale) et en dernier recours, des bancs sur le quai d’une gare, à moins de 10 mètres des rails. Je vous laisse imaginer le contenu de mes prières pour le jour qui arrive.
Une chose amusante également, c’est l’attitude des japonais qui sont prévoyants et attentionnés. Je planifiais de m’arrêter au bangai 7 pour la nuit d’après. Il se trouve que ce bangai est en haut d’une montagne, éloigné de tout magasin, sans toilettes sur le chemin. Trois excellentes raisons pour un japonais de prendre cette partie très au sérieux.
Ils me conseillent donc de poser mes affaires au pied de la montagne dans un hotel, d’y passer la nuit et de partir le lendemain, léger comme le vent, arriver là haut à midi et redescendre le soir à l’hotel. Je proteste poliment. Deux nuit à l’hotel, c’est pas donné, et le bangai 7 est réputé pour les aurores et les crépuscules, et sa cérémonie goma (pour fudo myoo, vous vous souvenez?) Je ne suis pas sur d’avoir les deux, parce que pluie et pas trop de monde sur les chemins en ce moment, mais je voudrais le tenter. Ils tentent de m’en dissuader, mais ma décision est prise, et la réservation faite, ils me disent que c’est une super idée, que le temple est magnifique, que la mer de nuage que l’on peut y voir est super, que c’est pas facile mais que ça se fait, et que finalement kondo il veut bien le faire comme moi, monter et dormir là haut (peut être pour vérifier si je suis pas mort de faim sur le chemin). Comme quoi, en insistant, on peut faire des trucs biens.