Jour 10, on m’aurait menti ? et 11 et 12 et 13 ? Je sais plus compter
Une fois n’est pas coutume, quitter un temple aussi beau n’est pas chose aisée. Même le réveil à 5h15 est accepté. J’ai décidé de rejoindre la cérémonie du matin, pour dire bonjour au soleil. Quelle ne fut pas ma surprise quand le prêtre principal nous invite à nous mettre en tailleurs pour faire … zazen ! Je sais pas, c’est comme si un prêtre catholique vous demandais de prier en direction de la mecque et fini en disant : C’est bien non ?! Zazen, C’est une technique du bouddhisme zen, secte différente donc, qui veut faire le vide total dans son esprit. Je pratique cette méthode depuis très longtemps pour m’aider à dormir quand on a trop de questions dans la tête, ou des choses comme ça. Tout le monde à l’air étonné de me voir comprendre très vite le japonais. Une demie heure plus tard, on chante quelques sutras, on brûle de l’encens alors que le jour se lève. Puis l’on va manger.
Le repas est particulier. Je sais que le couple de retraité rentre chez eux aujourd’hui, et qu’ils reprendront le pèlerinage dans trois ou quatre mois. Je sais aussi que le groupe de pèlerins mené par un guide repart en arrière, car ils ont du prendre le bus pour être présent à la fudo myoo goma ritual, donc ils reprennent le bus dans l’autre sens pour marcher ce qu’ils ont raté. En voilà de la foi ! Les adieux sont donc de rigueur. Ce fut émouvant, mais la vie est ainsi. J’en quitte certains, des bons, qui sait qui je vais trouver ensuite.
Je m’élance sur les chemins d’un bon pas, confiant. Le ciel est chargé mais encore clair. On dirait que la pluie ne tombera pas. J’avance une bonne vingtaine de kilomètres, et les premières gouttes arrivent. Je suis maintenant opérationnel sur le rangement de matériel, pose de protection sur le sac, gore tex sur le monsieur et guêtres aux pieds, et en avant. Mais la pluie ne semblait pas décidé à me laisser avancer plus loin. Un mini typhon suivant les jap que je croisaient. La parka tient le coup, elle est bien la seule. Le pantalon waterproof stormproof n’est plus du tout proof quoique ce soit, les chaussures prennent l’eau par dessus, et dessous, les camions qui passent tout prêt n’arrangent rien. Je me décide à prendre un bus pour rejoindre mon tsuyado (logement gratis et spartiate) 4km plus loin. J’arrive dans la gare routière, et les deux dames qui travaillent là m’informe que l’arrêt de bus que je souhaite n’est pas beaucoup désservit, une peu comme St Aupre quoi. Donc soit j’attend 4 heures mon bus pour avancer de quelques km, soit je quitte la tempête et je fais ma journée prévue demain en bus aujourd’hui. Alors que je me tatte, les dames m’apportent un café au lait, une brioche à l’orange et des frites de patates douces vachement sucrées. Je sais pas si je vous l’ai dit, mais je kiff le Japon. On a le temps de faire connaissance, alors elles ont le temps de me gâter comme un gosse. Un thé, des bonbons “étranges”, un peu comme les cacahuètes enrobées des foires, mais moins sucré. En fait au japon, ils ne mettent de sucre nul part. Sans rire, même sprite a cédé, et il ne contient que 4500 carreaux de sucres contre 8900 en France ! J’avais dit sans rire, pardon. Le sprite est moins sucré qu’en france. Les papilles s’y font assez bien, et loin de trouver tout fade (riz sans sel, thé nature) on cherche d’autres subtilités que l’on aurait pas eu autrement. C’est une expérience sympa.
Je les ai aidé à ranger un peu l’endroit, et j’ai pris un bus direction cap muroto. Si cela doit m’avancer, je prendrais le temps de visiter un peu plus quand le soleil sera de la partie. Même les japonais ne comprennent pas ce qui leur arrive, normalement il n’y a pas de pluie en octobre novembre chez eux. Moi, 25 % pluie, 50% nuages et 25% soleil, ca me fait penser à un temps à ne pas mettre un pèlerin dehors. D’ailleurs, je l’ai observé le matin, beaucoup sont dans les huttes à attendre que le soleil revienne. J’ai juste pris les devants pour voir si le grand Athoum Ra arrive! Le temple 24 m’accueille dans une légère brume post-averse. L’accalmie ne durera pas, la pluie se remet à tomber alors que j’arrive à mon hébergement. Au moins, je serais au chaud. Qui sait, demain je serais au sec ! Belle surprise au dîner, le moine japonais est arrivé lui aussi, en bravant la tempête. Nous avons parlé deux heures sur le bouddhisme, et puis le moment de se quitter est arrivé. Il rentre chez lui demain, et nous ne nous verrons plus. Il m'assure m'inclure dans ses prières, et je lui ai dit que je garderais sa sympathie comme phare pour continuer ma route dans les moments difficiles. C'est ça la vie de henro, des rencontres et des adieux, tous les jours. Mais de la gentillesse, tout le temps.
Jour 11 Enfin le soleil
Le jour commence sur une bonne note. Le soleil apparaît, et le vent chasse les derniers nuages. Je prévois donc une longue journée de marche sachant que le lendemain, je serais plus tranquille (je croyais, fou que je suis). Alors en avant, on pousse sur les jambes et on marche le long de la côte. Les temples d'aujourd'hui sont tous les deux des temples de marins, donc il y a pas mal de personnes qui prient pour une bonne pêche ou une mer favorable (un peu comme certains prient pour avoir des nouvelles, ce qui me touche). Ils faisaient une fête pour le 31, et ils mettent des bambous de partout et ils hissent des mats super hauts. Je vous jure que même si vous ne comprenez pas le japonais, vous savez exactement pourquoi le gars qui crie crie, et pourquoi les autres rigolent, et vous riez avec eux. L'humour parfois se passe de mot je pense, et il devient universel.
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vous vous sentez sortir de la tous les matins ?!
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C'est aussi une grande joie pour moi de m'apercevoir que les marins aiment les chats ! Et il y en a de partout dans les rues, ce qui me réjouis au plus haut point. J'adore les minets, mais eux ne me comprennent pas tellement, et ils ne kiffent pas mes clochettes. Le contact est difficile, mais vous me connaissez, j'arrive souvent à caresser un ou deux matous.
#ptit chou! |
Un truc assez dingue, j'ai croisé un homme politique (je vous ai trouvé l'affiche, vous devinerez l'élection, ou pas)
qui faisait un meeting, à un feu rouge. Il avait un haut parleur, et en avant, je balance mon speach à tout le monde. Je sais pas si c’est bon signe pour lui ou mauvais signe, on est au Japon, on peut pas dire.
Je devais me rendre à un hébergement pas cher pour le soir, et quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir que l'on était 10 henros à avoir eu la même idée ! La personne ne voit aucun problème à accueillir 10 étrangers chez elle, leur préparer à manger et même laisser la maison ouverte pour eux quand elle part, dans une maison grande comme un appartement chez nous.
Je trouvais ça sympa, et puis l’on s’aperçoit vite qu’il subsiste quelques inconvénients. Les vieux henros, ils ronflent, et ils se lèvent à 5 heures du mat’, fument 3 clopes dans la chambres et parlent forts pour ensuite s’en aller sur les chemins. Et toi tu meurs d’envie de les engueuler mais kobo daishi il dit qu’il faut pas. Une autre fois peut être.
jour 12 Ca marche encore
J'avais comme des ailes aujourd'hui. Je devais rattraper une allemande et un jeune japonais qui avaient déjà fait le temple 27 et qui partaient sur la route du 28 pour dormir dans un logement gratis. J'ai demandé à une vieille dame si je pouvais laisser mon sac dans son jardin, elle a dit oui, et je me lance dans l'ascension de la montagne du temple 27. J'ai toujours ce pied montagnard qui me suit, et je suis bien plus à l'aise sur les chemins qui montent. Imaginez sans sac, je volais !
La vue est splendide, l’ambiance sauvage, le temple merveilleux. Mais il me fallait rattraper mes jeunes amis, donc on retourne sur la route et on presse le pas. Une bonne moyenne toute la journée, des beaux paysages côtiers pour me ravir les yeux, les fleurs pour le nez, que demande le peuple ! J’ai même partagé mon repas avec un chat gris pas sauvage du tout !
Je devais sembler misérable aux yeux des japonais, car l'on m'a offert pas mal de choses. Des mandarines, un café au lait avec un gâteau et même un jus d'orange avec un truc de pharmacie bien moins bon que notre pharmacie de Chartreuse. On ne peut pas leur en vouloir je crois, mais bon. Il faut être curieux.
Avec deux heures de montagne au début, je n'avais qu'une heure de retard sur eux, donc j'ai bien avancé on peut dire. Une fois de plus, les bonnes adresses n'ont pas besoin de pub, et on était 6 dans un 3 pièces. J'ai testé le saké, plusieurs fois et la bière, plusieurs fois et je n'aurais pas dû. La suite vous le dira
Jour 13, marcher avec kobo daishi, c'est bien. Avec susan, c'est mieux !
Je n'aurais sincèrement pas pu aller loin dans l'état où je me trouvais. Quand vous ne parlez pas à table, vous buvez pour compenser et le lendemain, boom. Malade.
Pas cool. Je n’ai rien pu avaler, et les odeurs de poisson n’arrangent rien. Je n’aurais pas cru aller loin, mais j’ai décidé de marcher avec susan sur la route, et de m’arrêter quand je pouvais.
Il s’avère que marcher à deux, c’est plus encourageant. Vous avez moins de liberté c’est sur, moins d’ossetai aussi, mais vous pouvez vous dire : yes ! 4 km en moins d’une heure ! On peut le faire !
Résultat, le jour est assez complet. Temple 28 29 et 30. On retrouve notre jeune japonais sympa comme tout, et on finit même la journée à trois.
La fin est moins sympa, on se retrouve dans une grande ville à chercher notre hotel, on ne trouve pas, on se perd, on n’a pas la bonne adresse, on revient on repart et enfin on arrive.
L’endroit est parfait, au a droit à une belle cérémonie du thé (mais le thé genre tellement amer qu’il a le gout d’une soupe d’épinard en gros).
Les restaurants ont souvent des noms français, le petit café passe encore, un classique, mais queue de baleine et la maison de deux, ca marche moins bien ...
J'ai fait court parce que 10 heures de marche et 40 km, ça use, et je suis à moitié endormis quand j'écris cela mais vous avez droit à des news quand même. J'aime bien vos commentaires, donc je me dois de vous donner votre dose d'ailleurs ^^ !
Je compense avec quelques photos Bien à vous
Merveilleux. Merci