jour 15 16 17 et 18, Pourtant il fait beau chez moi



Jour 15, le chat et la souris 

Comment dire, je ne sais pas vous, mais un petit déjeuner à 10 euros prix réduits, dans un luxueux hotel japonais, je voulais voir à quoi ça ressemblait. Pas par gourmandise, par curiosité pure. Ou les deux ! Non, sûrement, par gourmandise.



Et bien le voilà, ce fameux petit déjeuner. Pour vous planter le décor, j’arrive dans le restaurant en habit d’henro, pantalon de rando rouge pétant, tee shirt noir, petite veste henro en coton blanc, mal coiffé, et je vois la salle que j’aurais imaginé dans un film mais pas dans ma vie, avec des gens en costumes ou tailleurs qui lisent le journal économique du matin en prenant des rendez vous sur leurs téléphones … On me montre ma table, où tout est presque prêt, on me tire la chaise, et un jeune homme arrive pour me servir le jus que je veux, puis un café, puis un verre d’eau.


 La petite serviette chaude pour se laver les mains et en avant pour l’explication de ce que je vais manger. Soupe, légumes cuisinés aux algues et graines de sésame, friture, petite omelette aux patates douce, tofu sauce soja et ciboulette, algues, crabe, omelette, sashimi de saumon, oeuf mollet, salade, et mandarine précoupée, et remise dans sa peau ! Je pourrais me prendre un arbre sur la tête aujourd’hui que je serais encore pas mal !



Et pour courroner le tout, je démarre dans mon gore tex, alors que le temps que je mange tous ces oeufs (2 omelettes et un oeuf, je sais pas si vous aviez remarqué), le vent avait chassé le reste de l’orage et il faisait déjà beau et chaud. Alors je remballe tout, et j’attaque du meilleur pied !



Enfin pas tellement, puisque je me suis perdu dans le jardin botanique… Je m’explique, avant d’arriver au 31, on passe par le début d’un jardin. Et moi, je me tourne en disant WOW cette plante est incroyable ! Et celle là, et là ! Si bien que je me suis retrouvé dérrière un portail fermé, qui se voulait l’entrée d’un site payant que je viens de visiter … J’appelle à l’aide, et l’on vient me chercher. 


Les employés étaient en train de nettoyer le parking, en chemise cravate, pour enlever les feuilles mortes mouillées (ça me rappelle les grottes ^^). J’avais déjà observé le rituel des employés de banques, cisailles et balais en main, en train de nettoyer devant la boutique, ou de faire les carreaux après la pluie. En même temps, depuis tout petit, ils nettoient l’école à tour de rôle. Comme quoi …

Le temple 31 est toujours aussi beau. Les couleurs de l’automne, la mousse, les pagodes, les petits temples shinto cachés, … Une vraie bouffée de sérénité. Je rattrape deux japonais tout tout vieux, que j’avais déjà croisés en montant au temple 12, et un jeune jap de 24 ans, à l’histoire étrange. Il a été viré de l’université parce qu’il a été un “mauvais garçon” m’a indiqué son traducteur éléctronique. Je me suis demandé ce que pouvait faire un japonais pour être viré, éternuer trop fort en cours peut être… Toujours est il que ses parents l’ont envoyés sur les chemins de Shikoku, tout frais payés, pour faire le point. Si j’avais su, j’aurais été mauvais garçon moi aussi, mais je crois que j’aurais pas eu la même punition… 



Je démarre après le jeune, car les vieux sont encore en “mode pluie” (grosse parenthèse ici, on se jauge pas mal entre henro. Quand on croise un henro, on regarde si il est en mode pluie “plastique sur le chapeau, gore tex, bache de pluie, sac couvert, guêtres, ou mode soleil, ou mode canicule “bandana, manches retroussées, tee shirt ouvert (c’est mon mode le plus fréquent) De plus, on compare nos journées (tu dors où, la bas, ah, tu fais que 25 km, moi j’en fais 32. Ouais mais après je pose mon sac là, je descend 22 km , et je remonte dans la foulée donc je fais 2 jours au lieu de 3. Haaan Bien joué mec !)








Parenthèse à part, je suis donc deuxième. Je rattrape le jeune jap qui s’est fait stoppé par un thé ossetai. Je m’arrête moi aussi, mais je comprend le revers de la médaille bien trop tôt : le monsieur veut parler. Il enchaine à une vitesse folle, parle des études de sa soeur si je comprend bien, et le jeune jap fait hmm, ohh, aaah. et moi je comprend rien. Les vieux passent, comprennent le piège et tracent la route en s’excusant. J’attrape alors mon sac en 4ème vitesse et je lance un nihongo wakarimasen (je ne comprend pas le japonais) sonore, et un merci, et je pars, laissant le petit jap seul face au danger !



2 km plus loin, les papis font une pause, alors je passe en tête ! J’arrive premier en haut du col du temple 32, ce qui me vaut le maillot rouge et blanc à petit pois. Temple très étrange par les roches, cisaillées, comme d’enormes lames sorties de terre. 



Je repars alors que les autres arrivent. Je garde le cap pour le maillot jaune, je déambule dans les contre allées japonaises, dans un espèce d’énorme lotissement, puis voilà que je chute … Chute CHUTE DANS LE PELOTON !!! Ah non, il s’est juste arrêté manger. Quelques spaghettis plus loin (et les cahuètes et le dessert aussi) me voilà bon dernier. Oui mais, j’avais fait mes plans moi ! De mémoire, le ferry, que l’on devait prendre, l’autre option étant la nage, arrive juste à l’heure pile, 12h10, 13h10, … Et j’avais raison ! On se retrouve tous dans la salle d’attente, à comparer nos sacs (je perds avec 15 kg !) nos pieds (je gagne avec 2 ampoules seulement, non éclatées !) mais pas le reste puisque le bateau arrive. On traverse, et le jeune nous fait comprendre qu’il part devant car il lui reste une belle trotte à parcourir. Je l’avais déjà vu faire, mais ça reste impressionnant. 







Mon powerwalking n’est qu’une accélération, lui, c’est une passion. Il lève la tête, tape du bâton en rythme, ferme le poing gauche et il doit frôler les 7 km/h ! Une belle performance qui lui vaudra sûrement le maillot jaune, que je laisse sans regret. On passe par le temple 33, dans le lequel j’avais passé la nuit gratuitement avec Susann (n’ayez pas l’esprit tordu je vous prie) et les papis s’arrêtent pour manger, eux aussi. J’apprendrais plus tard que le jeune jeûne, il ne mange que le matin et le soir pour “gagner du temps”. Hérésie ! Mais je ne sais pas le dire en japonais alors je le garde pour moi, et pour vous qui me comprennez. 







Je m’arrête dans le temple 34, avec son petit logement gratuit. Logement luxueux car il offre le futon (le matelas que l’on pose au sol pour dormir) les couvertures jap, qui vous scèllent au sol, et la douche !

Une personne rentre vers les 17h30, un taiwannais qui bicycle autour du japon. Il me dit que ça fait 10 jours qu’il n’a pas pris de douche, et il s’excuse pour l’odeur. Je rigole, et j’en profite pour ouvrir discrètement une fenêtre derrière un rideau. Puis je lui montre notre douche privée. On s’échange un peu nos vies, puis je vais me coucher, après avoir profité d’un beau coucher de soleil avec le drone, parce que demain, gros jour !

Je n’ai jamais eu trop de chance quand je devais partager mes huttes, ou mes dortoirs, mais ce petit taiwannais, maintenant qu’il était propre, m’apparaissait sympathique. Erreur. Il s’est mis à manger des trucs croustillants en machant la bouche ouverte, avec les beaux bruits de lèvres qui claquent et tout. Non content de me donner envie de le tuer à coup de pompe à vélo, il regardait quelque chose de très drôle sur youtube, donc il rigolait, mais la bouche fermée ! Un SCHCHMMMFR toutes les 3 minutes…





Et puis je dois vous avouer quelque chose de génant. Je m’étais à moitié endormi quand je sens un truc qui me chatouille entre les omoplates. Je me mets sur le dos pour me gratter avec le matelas, et sens cette drôle de sensation se diriger vers mon bras. Dans la pénombre, je vois un gros mille patte sur mon coude. En réflexe, je lui administre une belle pichenette qui l’envoie … sur le lit de mon camarade de chambre… Je n’ai pas osé le réveiller. Que Kukai me pardonne, le truc le plus dangereux sur Shikoku, c’est un mille patte venimeux. Si vous ne voyez pas le jour 16, c’est que je serais enterré en habits de henros, avec ma petite tombe sur les bords du chemin.




jour 16 40km surprise




Même pas mort ! Heureux de vivre un nouveau jour, je pars avant mon camarade que j’ai manqué de tuer la veille. Il faut dire que je suis efficace le matin. Je crois savoir pourquoi maintenant. Je suis tellement tête en l’air en France que je me méfie de moi même. J’ai oublié des trucs chez tous les gens chez qui je suis resté plus d’une heure. Sauf qu’ici, tout est indispensable. Si j’oublie un truc, je suis presque foutu. Alors je fais mon sac la veille au soir. Et le matin, j’ai la flemme de tout déranger pour faire des trucs. Je mange le petit déj et je me mets en route ! 


ya comme un piège là

Pratique comme organisation. 

Une fois de plus, je n’avais pas trop de souvenir du temple 35. Je me souvenais bien du chemin pour y aller, mais pas du temple en lui même. Sur le chemin, un papi est littéralement apparut devant moi pour me faire choisir un cadeau. Il avait collé des feuilles d’arbre colorées sur un petit papier et il avait accroché une ficelle pour qu’on le noue quelque part. Magnifique attention, qui change des kakis ! Cela m’a redonné l’envie d’avancer, parce que oui, je me souvenais maintenant du temple 35, qui domine la ville, tout là haut, dans la montagne. La route pour y accéder est même très facile à deviner entre les arbres. 



Mais ce temple est très beau, une fois de plus. Sauf que, temple principal, CRAC ! un impact sur mon pare brise. Non pardon, mon chapelet qui explose littérallement. 20 petites billes qui courent dans tous les sens pour aller se cacher dans les tuyaux, entre les pierres, en bas des escaliers. Avec l’aide de 4 vieux et vieilles jap étonnement adroits, on les récupère toutes en quelques minutes.



A la redescente, je croise une japonaise qui arrive par un mauvais chemin. Elle me demande où est le 35, je lui indique globalement la route, et je lui montre la bête, là haut. Elle grimace fort. Je lui donne les encouragements d’usage, avec mon plus beau sourire, et je pars vers le 36. Je la recroiserais au temple 37, prenant du repos pour ses pieds en feu. Elle y restera 3 jours, et repartira si elle le peut.


Ca a l'air sain


 Je me fais une pause deuxième petit déjeuner dans une hutte avant de monter dans une belle forêt. En redescendant, je croise un monsieur à vélo qui promène un chien. Il me dit hello ! Je lui répond, on discute un peu en anglais, mais j’entends un accent prononcé, je lui demande d’où il est à la base, il me dit France. Moi aussi ! Il s’avère que ce monsieur, marié à une japonaise (non, je suis pas jaloux, c’est interdit par Kukai d’être jaloux. Mais quand même …) et il vit depuis 6 ans sur Shikoku, maraîcher de mêtier. Breton d’orgine, on parle climat, ambiance avec les japonais. Il me confirme que travailler en serre à 40 degrés dehors, c’est pas cool (surtout pour un breton ai-je pensé), que Shikoku était vraiment différent de Honshu, l’île principale. Que la vie était plaisante … Mais malheureusement, il doit récupérer ses filles à la garderie pour les emmener en week end. Il m’aurait volontier gardé à manger et dormir. Si seulement il avait su la galère qui m’attendait… 




Sur la route du temple 36, on passe le long d’une plage de magazine, bien plus belle que la plus belle de tes plages (Joey, si tu nous entends) avec des pêcheurs en masse mais aucun baigneur. Je sors le drône avec mes pieds dans l’eau. Puis je pars pour le temple 36. Il se situe tout en haut d’une belle volée de marches, et je me surprends à rire en entendant les japonais en bus hurler quand ils arrivent en haut. C’est l’effort de la journée pour eux, c’est le soulagement du jour pour moi puisque c’est sans le sac !



La dernière fois, je m’étais arrêté ici, puisque le directeur de Kokumin Tosa (pour ceux qui connaissent) était venu nous chercher Susan et moi pour un petit paradis sur terre. Onsen extérieur avec vue sur la mer, prix défiants toute concurrence, personnel hyper sympa, … Oui mais voilà, il est fermé. De loin, j’ai cru apercevoir des échaffaudages. J’espère que ce sont des réparations suite au typhon, et qu’il va rouvrir bientôt.


Pour moi, ce sera hutte ! Je me dirige vers ce qui sera un echec. La hutte est occupée par des “professionnels” Des henros SDF qui ne se soucient pas trop des onsens sur le chemin. Pas d’affolement, il est 14h, j’ai le temps. J’appelle une chambre d’hôte, complet, un hotel onsen, complet, pas de bus pour avancer, seulement pour reculer, pas de train, plus de breton, … Alors marche ! 17 km en plus des 24 déjà effectués !!! Donc oui, 41 en tout… La hutte que j’avais comme objectif était occupée par le henro campeur. Il me fait une place dès qu’il me voit arriver. La hutte est parfaite, avec des palettes jusqu’à un mètre de haut pour couvrir du vent, des toilettes et un lavabo, … Et le pèlerin campeur ronfle ! Mais je ne l’ai pas entendu longtemps. A peine j’ai mis la tête sous le sac de couchage en me disant : ils ronflent quand même souvent les pèlerins ja … Plus personne ! Je me réveillerais 11h plus tard.




Jour 17 Sur la lancée



Je suis lancé avant le pèlerin campeur, de bon matin, avant le soleil aussi, sur les chemins. Pourtant, il s’est réveillé bien avant moi, mais le froid le fait hésiter. Les 4 clopes qu’il a fumé n’ont rien changé, il se caille, mais ne marche pas. Moi, je me caille, mais je marche. Mon premier matin avec polaire, gants et bonnet que je ne regrette pas. C’est ainsi au Japon. Il suffit d’un coup de vent du nord, avec l’humidité, pour perdre 10 degrés. Mais quand le soleil arrive, il met tout le monde d’accord. Je le retrouve dans la ville, pas franchement agréable comme endroit. Il faut dire qu’arriver par le côté usine qui donne sur le port marchand, c’est pas la meilleure approche … Ce qui m’avait redonné la foi, dans cette ville, c’est les ramens. Mais 7h30, c’est trop tôt pour les ramens… 



Pas de mon point de vue ! Mais de celui des restaurants qui sont tous fermés. J’avais tout fait pour arriver ici entre midi et le soir, mais le destin en a voulu autrement. Je traverse cette triste ville l’estomac en deuil pour marcher, et marcher ! Je voulais repasser par le temple 37, dans lequel j’avais passé une super nuit (si ce n’est le jap qui avait allumé pour lire l’école des champions) et il était 38 km après mon point de départ. Couper cette distance en deux n’aurait aucun intérêt, alors je le fais d’une traite. Et pour me soutenir, le petit chemin dans la montagne s’annonce fort bien. Petit air rafraichissant, chants d’oiseaux, et montée de MALADE ! Comment vous dire, déjà le pourcentage de pente ne répond à aucune norme, mais en plus c’est sur des petits cailloux, qui glissent sous la chaussure, si bien que l’on peut très bien reculer sur certains pas ! Alors que cette sente rejoint une route forestière, je prend mon souffle pour m’apercevoir que j’ai oublié de remplir mon eau … Tête en l’air je disais. Je m’hydrate donc à coup de mandarines (j’ai acheté un sac pour moi aussi fournir des ossetai aux marcheurs. Je serais connu comme le henro au bouc et aux mandarines)






A la descente, je cours comme un écolier après l’école et je rattrape le jeune jap, qui a les mêmes plans que moi. Je profite de son japonais impeccable pour me réserver la chambre, mais c’est sans repas m’annonce t’il. On saura pourquoi ce soir. Patience !

On marche ensemble toute la matinée. Mais il m’indique qu’il ne va pas s’arrêter pour manger, et qu’il va faire l’itinéraire montagne. Mon cerveau avait occulté ce détail troublant de son caractère. Ne pas manger, au Japon ?! J’ai déjà fait la montagne lors de mon premier tour, alors je choisis l’autre itinéraire, qui présente l’avantage de passer devant un supermarché. Mais à peine ai-je fais un kilomètre que je tombe sur un petit bouiboui. Quand je dis petit, c’est deux tables, pour 5 max, et un comptoir pour 4 avec la cuisine dérrière grand comme … un placard à balai. La très bonne nouvelle, c’est que c’est Udon ! Des soupes de grosses nouilles que l’on doit aspirer en faisant SLUUUURRP pour être polis. Je patiente un peu, et on me demande ce que je veux. On est 4 pour l’instant, et les 2 dames ont un petit bol pas très réjouissant. Alors que le monsieur sur le comptoir à un gros bol ! Alors je montre son bol, et dis je veux ça s’il vous plait. On me regarde surpris, alors je dis oui oui, et on me sert une soupière ! garnie d’oeuf, de petits dés de viande, d’oignon et de ciboulette, quelques morceaux de crabe et de gateau de poisson, et des tempuras ! 



J’ai cru caler, et puis non. Lorsque le monsieur en question se lève, il passe proche de moi et me demande si je vais tout manger. Maintenant qu’il est debout, il s’avère que ce grand gaillard est un sumotori en devenir! Je hoche la tête et lui dit peut être, sachant que ces personnes peuvent être vénérés comme des dieux en fin de carrière, et me remet à l’ouvrage. Le petit (tout petit) restaurant se remplit à vu d’oeil et des gens attendent debout, alors je termine en vitesse, et je me rends au comptoir pour régler. Lorsque la madame me demande si j’ai tout mangé, je lui répond que oui et que je vais en prendre un deuxième. Elle pousse un cri de surprise, tout le restaurant qui avait les yeux braqués sur ce petit occidental qui mange comme 4 retient son souffle, et je dis que non en rigolant, ils comprennent que c’est une blague et on rigole tous de bon coeur, je paye et je m’en vais. 

Je sens que je suis un peu lourd, mais je me dis que si je me perd dans la forêt, je pourrais tenir 8 jours avant de ressentir la faim !











La suite du programme est une marche plutôt interminable à travers les vallées japonaises, où l’on s’affaire à rentrer les gingembres, et autant vous dire que ça se sent ! Quelques scènes de la vie de tous les jours, qui donnent le sourire, comme cet enfant qui bêche un champs énorme tout seul, avec un petit chien qui l’aide comme il peut à creuser entre les plans de riz. 

La fin me fait souffrir, mais je n’avais pas le choix. Deux gros jours de suite, les jambes préparent une grève, alors que les pieds eux sont passés du côté obscur de la force et planifient un assassinat en règle… Mais quel soulagement de trouver le temple 37, et son hébergement, où malheureusement on ne pourra pas manger car la cuisinière est très malade nous a t’on dit. Très malade au Japon, ça peut vous dire tellement malade qu’elle est morte. Une vidéo d’un gars sur youtube le montre, les japonais ne veulent pas être direct. Son collègue de boulot lui avait dit que son chat était peut être mort. Ce n’était pas le chat de Shrodinger, il était bien mort, mais le peut être attenue la nouvelle. Alors peut être que la cuisinière en chef est malade...

La dernière fois, c’était excellent. Ce soir, j’ai des croquettes de pomme de terre panés, des sushis, et du poulet au riz. On fera avec. Oui, j’ai faim ! Le onsen à 60 degrés n’a pas pu calmer mon estomac. 





J'ai un nouveau daishi baton, en bambou celui là. Il m'aide bien dans les montées et la cohabitation avec le premier se passe bien !




J’ai trouvé, dehors, alors que je profitais du temple la nuit et de son atmosphère, la dame qui parlait espagnol. Elle se souvenait vaguement de moi. Heureux de pouvoir papoter, on a parlé de son histoire d’enfant d’immigré au Japon, de sa volonté de refaire sa vie en amérique du sud et puis de sa découverte de Shikoku. Elle avait trouvé sa voix, en taisant ses pensées m’a t’elle dit, Arriverais-je à taire mes 24 personnalités toutes ensemble … Pas gagné.

Et vous avez vous trouvé la voie ? Sinon, je dois vous couper la tête ! (ref Tintin pour clore cet article)







Jour 18 Jour de pluie





Comme souvent lorsque l’on dort en temple, on se lève tôt pour la cérémonie du matin. On se rend au temple, avec la dame qui avait mal aux pieds du temple 35, une dame que j’ai rencontré dans le resto udon mais que je ne savais pas qu’elle était henro de son état et une famille. Mais à 6h02, toujours pas de prêtre, ni de jeune jap ! Tout le monde regarde sa montre, sûr qu’il y a eu une catastrophe, et puis non. Ils arrivent tous les deux. Pour vous dire si le jeune était à la bourre, il n’a pas eu le temps d’enfiler des chaussettes (pas bon au Japon). Le moine (prêtre, je sais pas comment les appeler) nous donne un papier écrit en sanskrit. Pas de panique, il y a la traduction en japonais … Le seul truc que je connais bien, c’est le sutra du coeur, sauf qu’au moment de le chanter, le moine fracasse littérallement un taïko (tambour) pour nous donner du coeur à l’ouvrage, J’aurais pu chanter la danse des canards incognito tellement il faisait du bruit.



La cérémonie ne dure pas longtemps. Heusement, car ils annoncent de la pluie, et que je n’ai aucune envie de marcher sous la pluie maintenant que j’ai gouté au soleil éternel. Je me souviens immédiatement de ce jour. Celui où j’avais retrouvé susan sur le chemin, et que l’on avait rattrapé Jean Michel et Katia, et que l’on s’était planté au premier croisement ! Je me souviens aussi qu’à ce moment, Kondo me tapait déjà sur (me déboitait) l’épaule quand il disait un truc rigolo, et un japonais plein de bons plans nous aidait à réduire notre budget, susan et moi. Mais aujourd’hui, je suis tout seul. Et le ciel ne donne aucun espoir, il va pleuvoir. Et la route, et bien … On peut dire que la route nationale 55, et la 56, c’est le même combat. Des camions qui vous font voler le chapeau quand ils passent, des voitures qui vous rasent, des scooters qui vous enfument… Mais j’ai un souvenir qui chasse tout mes problèmes. Pourvu que la petite hutte soit toujours là … OUI ! TAKOYAKI !!!



 La même jeune japonaise me sert les mêmes 14 petites boulettes au poulpe, sauce mayo/soja. Elle était étonnée de me voir demander cela à 10h30, mais que voulez vous, l’estomac à ses raisons que la raison ignore. Juste après ma pause … deuxième petit déj ou déjeuner ? Je sais pas. Juste après, une camionnette me klaxonne, pour me donner un ossetai à base de roulé d’omelette au riz/thon et orange. On ne refuse pas ossetai !





Je pense que me mine appelait à l’aide, puisqu’un japonais, pendant une de mes pauses (parce que je marchais vite, je devais reposer les pieds toutes les heures en gros) un japonais m’a apporté un café et m’a frotté les jambes vigoureusement en me disant de me battre. Je fais que ça mec, mais merci quand même ! Pour vous dire si je me bats, je suis arrivé au point de ramassage à 14h30, alors que la plupart des henros arrivent entre 16h et 17h. J’appelle l’hotel bon plan pour qu’il vienne me récupérer, et une petite voiture ne tarde pas à arriver. L’employé est amusé par le fait que je revienne faire le tour une nouvelle fois, et me remercie de m’arrêter à nouveau dans son établissement. 




A mon entrée dans le golf (car oui, Tosa utopia country club est un golf qui héberge des pèlerins) on m’envoit une jeune qui parle un peu anglais pour les négociations. Une fois que tout est arrangé, je file directement pour le onsen, que j’ai pour moi tout seul ! La vue sur les parcours de golf est assez troublante, puisque je peux admirer le swing des gens tout en me lavant… Après une petite heure de trempette, je sors, juste à temps pour voir 5 golfeurs trempés rentrer à leur tour pour un bain bien mérité. 



Je me suis ennuyé un peu, alors j’ai regardé la télé. Et c’est impressionnant le nombre d’émisions qu’ils ont sur la bouffe ! Partout, sur toutes les chaines, des gens se déplacent dans le Japon pour tester le saké, les ramens, les tempuras, les sashimis. Et ils font des têtes de dingo, ils secouent la tête, ils ouvrent grand les yeux (non c’est pas raciste) et ils manquent de tomber de leur coussin en s’écriant OIISHI DES’ ! (c’est bon) Vu qu’ils me donnent faim, je zap et je tombe sur les combats de sumo. Parfait pour une petite sieste, puisqu’ils combattent 5 secondes toutes les 5 minutes. Il y a quand même des Poulagas (rugby du sud ouest) de 175 kg pour 1m75 ! C’est pile trois fois mon poids de henro pour le même taille ! Je m’endors un moment en pensant à tous les ramens que je pourrais manger avant d’arriver à ce poids. 

Le repas du soir est assez troublant, puisque la totalité des invités sont dans des box réservés, des petites pièces privatisées pour plus d’intimité entre amis ou en famille, et moi j’ai le restaurant énorme pour moi tout seul. Avec un serveur qui me regarde manger … Et j’ai galéré avec le poisson frit… et plus je galérais, plus je sentais son regard peser. J’ai finalement abandonné, j’ai pris mon courage à deux mains, et le poisson aussi, pour retirer les arrêtes et le terminer… Jamais mangé aussi vite. 





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0 Commentaire

  1. Je crois que c'est les jours qui m'ont fait le plus rire !
    Toute seule, te lisant, j'ai pensé aux touts touts vieux qui te liront, à Nicky Larson, à Sangoku qui mange, à NTM, à Georges Brassens… bref un voyage dans mes souvenirs et dans ton monde sans bouger de mon fauteuil ! Moi qui n'aime pas marcher, je me surprends à rêver de t'accompagner un jour…

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